Taurine : origine, bienfaits et modes de consommation

L’origine de la taurine

Le rapprochement sémantique de la taurine et du taureau n’est pas innocent, bien qu’il n’ait rien à voir avec les parties sensibles de l’animal : le nom provient effectivement du radical latin « taurus » qui veut dire « taureau ». L’explication est toute simple : cette substance a été isolée, pour la première fois, à partir de la bile de ce bovidé (de l’espèce Bos taurus). Cette découverte, due aux scientifiques allemands Friedrich Tiedemann et Leopold Gmelin, remonte à 1827.

Son apport vient essentiellement de l’alimentation, et plus particulièrement des produits d’origine animale comme la viande rouge, les abats, les poissons gras, les fruits de mer, les œufs et les produits laitiers. Elle est aussi présente en plus faible quantité dans les plantes, les champignons et certaines bactéries. On peut également la consommer par le biais des boissons énergisantes et de compléments alimentaires.

Les boissons énergisantes

Arrêtons-nous un instant sur les boissons énergisantes, qui ont contribué à mettre la taurine sur le devant de la scène (et pas uniquement pour de bonnes raisons). Elle est ajoutée à ces boissons en combinaison avec d’autres substances comme le sucre et la caféine, afin de provoquer un « coup de boost » chez le consommateur.

Mais il faut garder à l’esprit que la taurine n’est pas un stimulant : au mieux, elle aurait surtout pour rôle de renforcer l’action d’autres substances excitantes, en plus de ses propres effets bénéfiques sur le tonus et la vitalité. En pratique, lorsque vous buvez une boisson énergisante, ce n’est donc pas la taurine qui produit l’essentiel de cet effet excitant, mais la caféine et le sucre également présents en quantités notables dans cette boisson !

Cette confusion explique pourquoi la taurine a fait l’objet d’une longue interdiction en France, jusqu’à la levée des restrictions en juillet 2008. Désormais, non seulement les effets secondaires de la taurine ont largement été reconsidérés, mais la science n’hésite plus à mettre en avant ses bienfaits pour la santé.

Justement, parlons des bienfaits de la taurine qui participe à de nombreux processus importants au sein de l’organisme. Elle agit notamment :

• Sur le système nerveux, la taurine étant indispensable à son développement et à sa maturation car elle favorise l’assimilation du magnésium dans les cellules. Plus exactement, elle a pour effet de limiter les pertes de cette substance précieuse, raison pour laquelle on la trouve souvent dans les compléments alimentaires à base de bisglycinate de magnésium. Elle joue également le rôle d’activateur au niveau des récepteurs GABA (les « portes d’entrée » vers les neurones) dans le thalamus, qui est le centre de commandes du cerveau.
• Sur l’énergie et la vitalité, lorsqu’elle est combinée à d’autres substances stimulantes comme la caféine dont elle renforce l’action (des études complémentaires sont toutefois nécessaires pour l’affirmer avec certitude).
• Sur les performances physiques, en particulier sur la force musculaire, mais aussi sur la réduction des douleurs et sur la réparation des fibres musculaires après un effort intense. Bien que certaines études montrent clairement ce bénéfice, d’autres doivent néanmoins le confirmer.
• Sur l’hypertension artérielle, comme l’a démontré une méta-analyse portant sur l’absorption orale de taurine et ses effets sur la pression artérielle chez des sujets humains. À condition de respecter une dose journalière bien spécifique, au-delà de laquelle la taurine pourrait s’avérer risquée pour le système cardiovasculaire.
• Sur le sommeil, car contrairement à une idée reçue bien ancrée, la taurine n’empêche pas de dormir : prise séparément (donc sans caféine), elle aurait tendance à favoriser la détente et à améliorer la qualité du sommeil en modulant les neurotransmetteurs GABA, qui jouent un rôle clé dans la régulation de l’anxiété.

D’autres bienfaits potentiels de la taurine intéressent la communauté scientifique, comme ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes chez les personnes en situation d’obésité, ainsi que ses effets positifs dans la prise en charge du diabète, des maladies d’origine inflammatoire, de l’hypercholestérolémie, et des pathologies rétiniennes.

Ces bénéfices ne doivent toutefois pas faire oublier que la taurine peut aussi avoir des effets néfastes à fortes doses et que sa consommation doit faire l’objet de certaines précautions, notamment chez les personnes vulnérables.

D’une part, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a confirmé l’absence d’effets secondaires pour des doses de taurine inférieures à 1g/kg par jour – des quantités largement supérieures à celles que l’on retrouve dans les compléments alimentaires. Par sécurité, il est toutefois recommandé de respecter une posologie limitée à 2 à 3 grammes de dose journalière.

D’autre part, l’apport exogène en taurine via un complément alimentaire ou une boisson énergisante est déconseillé aux personnes qui souffrent de diverses pathologies : épilepsie, trouble de la thyroïde, insuffisance cardiaque, antécédents de convulsion ou de maladies neurologiques. Par ailleurs, faute d’études spécifiques, il est préférable que les femmes enceintes ou allaitantes s’abstiennent de prendre de la taurine sous cette forme.